2 jours fériés supprimés en France ?
Du journal L'internaute du 16 juillet 2025
A noter qu'un des deux jours fériés risquant d'être supprimés il y a le 8 mai, ce n'est pas un hasard. Voici l'article de L'INTERNAUTE de ce 16 juillet
Jours fériés supprimés : l'idée de Bayrou peut-elle passer ? Quels jours seraient travaillés ?
François Bayrou a proposé la suppression de deux jours fériés pour réduire la dette publique. Les Français vont-ils travailler plus dès 2026 ?
Le gouvernement a annoncé la couleur pour le budget 2026 : il faut que les Français travaillent plus. Parmi les annonces explosives de François Bayrou, mardi 15 juillet, la plus forte est sans doute celle-ci : la suppression de deux jours fériés dès l'an prochain. En clair, les salariés seraient amenés à travailler sur deux jours fériés, actuellement chômés mais rémunérés, sans toucher le moindre centime supplémentaire. Une mesure qui pousserait les Français à travailler plus sans gagner plus, selon une remarque des élus Les Républicains, assumée par la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet. "Ce qu'on va demander aux Français, c'est pour deux jours fériés, d'aller travailler", sans être payés "parce qu'ils le sont déjà" a-t-elle déclaré sur TF1. Les richesses et la production générées ces jours-là permettront aux entreprises de "s'acquitter d'une contribution", a-t-elle ajouté. De quoi remplir les caisses de l'Etat, grâce à la production engendrée évaluée à plus de 4 milliards d'euros selon Matignon.
A ceux qui seraient tenter de faire la comparaison entre les suppressions de jours fériés et la journée de solidarité instaurée pour les lundis de Pentecôte depuis 2004, la ministre a souligné une nuance : alors que la contribution demandée aux entreprises pour la journée de solidarité est équivalent à 0,3% de la masse salariale, celle prévue pour les deux autres jours fériés supprimés pourraient être plus importante. Ces recettes versées à l'Etat ne seraient pas non plus obligatoirement orientées vers la Sécurité sociale. Des détails qui concernent plus les entreprises que les salariés.
Comment peut-on supprimer un jour férié ? Et lequel ?
Le dispositif existe déjà : depuis 2004, le lundi de Pentecôte peut être travaillé sans être payé. L'employeur verse une contribution à l'État, destinée à financer des actions en faveur des personnes âgées et handicapées. Une journée "solidarité" que le gouvernement envisage désormais d'étendre à deux autres jours fériés, pour soutenir le budget de la défense. Ces journées de travail bénévoles permettraient de dégager entre 2,5 et 3,5 milliards d'euros, soit le montant annoncé le 13 juillet par Emmanuel Macron pour renforcer les dépenses militaires en 2026.
Discours de Bayrou sur le budget : toutes les annonces et réactions politiques
Bien que tout à fait réalisable - et permettant des économies substantielles - la suppression de deux jours fériés reste une affaire délicate et explosive. Entre symbole, religion et enjeu économique, certains pourraient faire plus parler que d'autres. François Bayrou a cité deux jours fériés pouvant être visés par sa mesure : le lundi de Pâques et le 8 mai, "dans un mois de mai devenu un véritable gruyère". Ce sont des "propositions", a-t-il assuré, se disant ouvert à la négociation pour d'autres jours.
Certains jours fériés pourraient être jugés comme "faciles à accepter" par les Français, comme le 15 août (Assomption). Beaucoup de travailleurs partent en congés à cette période-là de l'année, et ce jour fait donc régulièrement parties de périodes de vacances déjà posées. Il pourrait constituer une alternative plausible pour le gouvernement. À l'inverse, le jeudi de l'Ascension pourrait être accueilli avec beaucoup moins d'indulgence, notamment en raison du pont qu'il permet de réaliser. À l'inverse, économiquement parlant, il est extrêmement coûteux pour l'État. Ce dernier pourrait alors le choisir pour maximiser ses économies.
Et le 11-Novembre ? Sa haute symbolique pourrait en froisser plus d'un, à commencer par les anciens combattants. Difficile d'imaginer l'exécutif s'essayer à cet exercice. La Toussaint, elle, pourrait faire également figure d'alternative et faire partie des deux jours fériés supprimés par François Bayrou. Enfin, supprimer Noël et le 1er-Mai paraît aujourd'hui relativement compliqué. Tradition, symboles des luttes sociales, manque de recettes pour le jour de Noël qui est déjà peu travaillé... Ces dernières options pourraient ne pas être retenues par l'exécutif.
La stratégie de Bayrou pour supprimer des jours fériés
Le Premier ministre va-t-il vraiment pouvoir faire adopter ces mesures ? Tout d'abord, le Premier ministre doit consulter les partenaires sociaux, comme l'impose la loi Larcher de 2007 pour tout projet gouvernemental de réformes lié au travail ou à l'emploi. François Bayrou prévoit donc de les recevoir dans les prochains jours pour lancer des négociations à la rentrée. Mais après le bras de fer sur les retraites, syndicats et patronat pourraient se montrer peu enclins à rouvrir le dialogue, surtout sur des sujets aussi sensibles.
Il n'est pas exclu que François Bayrou joue sur une astuce : en proposant la suppression de deux jours fériés il met sur la table une mesure difficilement acceptable pour débuter une phase de négociations dans l'optique d'obtenir moins. C'est à dire, probablement, la suppression d'un seul jour férié. Ce qui lui permettrait tout de même de faire travailler davantage les Français, tout en ayant fait une concession aux partenaires sociaux. Les psychologues appellent ça l'effet "porte au nez", qui permet de faire accepter une requête difficile en proposant en amont une demande beaucoup plus coûteuse.
Mais si le Premier ministre a une astuce, il est aussi confronté à un gros obstacle et c'est un sacré pépin : il faut que l'Assemblée et le Sénat adoptent le budget 2026 ou bien que l'utilisation d'un 49.3 pour éviter un vote ne soit pas contrée par une motion de censure. Dans les deux cas, il y aura suffisamment de députés pour déposer une motion de censure. Et à ce stade, tout laisse entendre qu'une majorité de députés la voteront : c'est ce qu'ont déclaré les cadres du RN, de LFI et du PS. Cela signifie que, sauf revirement majeur, François Bayrou et son gouvernement tomberont, censurés, avant l'adoption du budget 2026. Et donc que cette mesure de suppression des jours fériés ne sera pas appliquée.
Une mesure contestée, mais jugée efficace par certains économistes
La perspective de réduire le nombre de jours fériés suscite d'ores et déjà l'opposition des syndicats. "C'est une fausse bonne réponse", estime Thomas Vacheron, secrétaire confédéral de la CGT, sur France Info. "Cela a des conséquences catastrophiques sur la majorité de la population et jamais on prend sur les 200 milliards d'aides publiques aux entreprises privées ni sur les cadeaux fiscaux qui sont faits au plus fortunés."
À l'inverse, certains économistes jugent la mesure pertinente sur le plan budgétaire. "Ça peut avoir un impact mécanique sur les recettes", explique Sylvain Bersinger, chef économiste du cabinet Asterès, sur RMC. "C'est assez mécanique : il y a plus de croissance, plus d'argent qui rentre dans les caisses de l'État, donc il y a moins de déficit public."
Dernières mises à jour
21:15 - "Il est impossible pour le RN de ne pas censurer"
Dans un entretien accordé au journal Le Parisien, Marine Le Pen est revenue sur les mesures budgétaires annoncées par François Bayrou mardi 15 juillet. Elle indique qu’"en l’état, il est impossible pour le RN de ne pas censurer” l’actuel gouvernement. "Il faudrait que François Bayrou inverse quasiment totalement les grandes masses qu’il a annoncées. J’y crois peu", ajoute-t-elle. "J’ose espérer que l’été portera conseil et que le Premier ministre s’apercevra que ses propositions sont inadmissibles pour les Français", déclare Marine Le Pen.
20:06 - Gabriel Attal reconnaît des mesures "pas très populaires"
Sur le réseau social X (ex-Twitter) Gabriel Attal, l’ancien Premier ministre estime qu’il est indispensable d’agir. sans anathèmes ni faux semblants (...) maîtriser nos dépenses aujourd'hui, c'est rendre possibles les investissements de demain dans les secteurs prioritaires et d'avenir”, écrit-il. Toutefois, il reconnaît que les mesures décidées par le gouvernement actuel ne sont "pas très populaires". Il ajoute que "certains sujets restent à débattre, à préciser ou à corriger".
18:47 - François Bayrou “a eu raison de donner le cap", défend Emmanuel Macron
Le président de la République a réagi aux orientations budgétaires présentées par son Premier ministre mardi 15 juillet. Il a estimé que la stratégie de François Bayrou est “solide”, “claire” et nécessaire pour le pays. En déplacement à Lourdes, il a ajouté que les orientations proposées par le chef du gouvernement “consistent à accroître la production" et à "continuer à accompagner la juste rémunération du travail". Pour Emmanuel Macron, François Bayrou “a eu raison de donner le cap".
Enfin, il a également fait un appel pour que d'autres politiques proposent des idées différentes si elles en avaient : "J'attends de toutes les forces politiques qu'elles proposent d'autres idées. Si d'autres ont des idées plus intelligentes pour accroître l'activité et pour baisser les économies, le Premier ministre les recevra", a poursuivi Emmanuel Macron.
17:18 - Trois quarts des Français sont opposés à la suppression de deux jours fériés
Déjà impopulaire, le Premier ministre n'a pas arrangé sa côte de popularité auprès des Français avec ses annonces sur le budget 2026. Dans un sondage réalisé l'institut Elabe pour BFMTV et publié ce mercredi 16 juillet, 60% des sondés jugent les efforts demandés aux Français trop importants. Une mesure en particulier cristallise l'opposition : celle sur la suppression de deux jours fériés. 75% des personnes interrogées sont opposées à cette proposition et parmi elles. La mesure est rejetée par plus des trois quarts des actifs (79%), mais aussi par l'immense majorité des retraits (71%).
16:25 - "Ce n'est pas du tout la même chose" que le jour de solidarité selon la ministre, mais un peu quand même
La suppression de deux jours fériés annoncée par Bayrou "n'est pas du tout la même chose" que le jour de solidarité a assuré la ministre du Travail, Asrtrid Panosyan-Bouvet, sur TF1. La ressemblance est troublante, mais il y a effectivement des nuances. Lors du lundi de Pentecôte, les salariés travaillent mais ne sont pas payés. Pour la mesure du Premier ministre, "ce qu'on va demander aux Français, c'est pour deux jours fériés, d'aller travailler", sans être payés "parce qu'ils le sont déjà" a déclaré la ministre estimant que les salariés ne perdaient rien, si ce ne sont des jours chômés et payés.
Mais la différence se joue vraiment pour les entreprises qui, pour la Pentecôte, versent une contribution équivalente à 0,3% de la masse salariale à la Sécurité sociale et qui, pour les deux jours fériés supprimés, seraient amenées à "s'acquitter d'une contribution" fournie par la richesse ou la production créée et plus importante. Cette contribution serait versé à l'Etat qui en ferait l'usage qu'il souhaite.
12:13 - Un cycle de consultation "dans les toutes prochaines heures" sur la suppression de jours fériés
Interrogée sur la suppression de deux jours fériés, la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin a indiqué qu'un "cycle de consultation" allait s’ouvrir dans les toutes prochaines heures avec les partenaires sociaux et les ministres concernés.
09:35 - Selon un sondage, 7 Français sur 10 sont contre la suppression de jours fériés
Toluna Harris Interactive a réalisé ce mercredi pour RTL un sondage pour recueillir les réactions à chaud des Français sur les annonces de François Bayrou. "L’année blanche", c’est-à-dire le gel des prestation sociales pour l’année 2026 est très mal perçue (61% de répondants opposés à la mesure, dont 36% de tout à fait opposés) et la suppression de deux jours fériés est très impopulaire : 70% se disent opposés à cette proposition, (dont 47% de tout à fait opposés).
Date de dernière mise à jour : 16/07/2025
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