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PARKINSON - ALZHEIMER...

Lu sur "Marie-Claire" 22 octobre 2023

Alzheimer : une infection du cerveau causée par un champignon provoque les mêmes symptômes que la maladie

PUBLIÉ LE 22/10/2023 À 11:37

Selon une étude américaine, un champignon présent en temps normal dans le système digestif pourrait infester le cerveau, et provoquer des changements similaires à ceux provoqués par la maladie d’Alzheimer. Une avancée importante pour la recherche.

Maladie neurodégénérative caractérisée par des troubles de la mémoire et des difficultés à effectuer des gestes simples, la maladie d’Alzheimer est la forme de démence la plus répandue. D’après le site de l’Assurance maladie, elle représente 80 % des cas de démence. Si des facteurs de risque sont plus à même de permettre à la maladie de se développer que d’autres, on ne connaît encore aucune cause directe.

Des chercheurs américains viennent cependant de découvrir un élément intéressant concernant son déclenchement.

UN CHAMPIGNON QUI PÉNÈTRE DANS LE CERVEAU

Publiée dans le prochain numéro de la revue Cell Reports, à paraître intégralement le 31 octobre 2023, une étude a été menée par une équipe de chercheurs du Baylor College of Medicine (Texas). Elle s’est intéressée au rôle que pouvait jouer Candida albicans, un champignon présent dans le système digestif, se basant sur de précédents travaux publiés en 2019, qui estimaient que ce champignon pouvait pénétrer dans le cerveau. 

Les scientifiques ont constaté que le Candida albicans présent chez les souris pénétrait directement leur cerveau à partir du sang, en franchissant la barrière hémato-encéphalique grâce à la sécrétion d’enzymes, appelées protases aspartiques. Une fois dans le cerveau, le champignon génère des fragments de protéines toxiques, considérées par les chercheurs comme "étant au centre du développement de la maladie d’Alzheimer". 

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Par Olivier Arendt

Avez-vous déjà ressenti l’anxiété de chercher frénétiquement vos clés tout en vous demandant si cela pourrait être un signe précoce de la maladie d’Alzheimer ? Un de vos proches présente des troubles de la mémoire ou du comportement ? À l’occasion de la Journée mondiale dédiée à cette maladie, nous avons cherché à comprendre à quel moment nous devrions prendre au sérieux nos petits oublis quotidiens, et à quel moment il serait judicieux de consulter notre médecin.

Le docteur Jose-Antonio Elosegi, de l’hôpital de Mons (HELORA – site Kennedy) est spécialiste cette maladie, il explique : "Cette maladie est en forte augmentation tout simplement car l’espérance de vie de la population augmente. Et comme cette maladie d’Alzheimer est principalement liée à l’âge, on peut même parler de pandémie mondiale".

Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), plus de 55 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde et chaque année, il y a près de 10 millions de nouveaux cas diagnostiqués. La démence est actuellement la septième cause de décès et l’une des principales causes d’invalidité et de dépendance chez les personnes âgées dans le monde.

Dans notre pays, en 2022, l’espérance de vie à la naissance est de 81,7 ans, pour les femmes c’est 83,8 ans et pour les hommes c’est 79,5 ans. Résultat, on estime qu’un Belge sur cinq va développer une forme de démence. Dans 60 à 70% des cas, c’est la maladie d’Alzheimer qui sera diagnostiquée. Le nombre de Belges atteints de démence devrait donc augmenter de plus de 33% sur les 10 prochaines années pour approcher les 300.000 personnes touchées. Autre particularité de cette maladie, c’est qu’elle touche plus les femmes que les hommes et ce, même en tenant compte du fait qu’elles vivent plus longtemps.

Une question d’âge, mais pas que…

Bien que la maladie d’Alzheimer soit la forme la plus courante de démence, les causes et les mécanismes précis de cette maladie restent largement méconnus. Malgré les avancées scientifiques, il est important de noter que les démences dégénératives, telles que la maladie d’Alzheimer, demeurent actuellement incurables.

Il est essentiel de comprendre que l’âge constitue le principal facteur de risque identifié pour le développement de la démence. Cependant, il est tout aussi crucial de souligner que la démence n’est pas une conséquence inévitable du processus de vieillissement biologique. De plus, elle ne se limite pas exclusivement aux personnes âgées, car la démence précoce, caractérisée par l’apparition des symptômes avant l’âge de 65 ans, représente jusqu’à 9% des cas.

Le Dr Elosegi explique qu’il a une méthode simple et rapide pour diagnostiquer la maladie lors des consultations médicales : "Je pose la question au patient de savoir pourquoi il est venu en consultation. Si sa tête se tourne vers son accompagnant pour solliciter des indications, vous pouvez être certain qu’il s’agit d’un cas d’Alzheimer. Le signe le plus manifeste de la maladie est que le patient n’a pas conscience de sa propre maladie."

La maladie d’Alzheimer, une maladie neurodégénérative, se manifeste généralement vers l’âge de 65 ans, et ses symptômes s’aggravent avec le temps. Fondamentalement, elle est caractérisée par le dépôt de la protéine bêta amyloïde sur les cellules cérébrales, ce qui perturbe la transmission synaptique et peut finalement conduire à la mort des neurones. En termes simples, les messages qui circulent dans le cerveau de la personne atteinte ne parviennent plus toujours à leur destination, ce qui explique les troubles caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.

 

Parmi les symptômes les plus fréquemment observés, on trouve des oublis récurrents, des problèmes d’orientation, des altérations des fonctions exécutives (comme la planification, l’organisation, la gestion du temps et la pensée abstraite), ainsi que des troubles du langage.

Le Dr Jose-Antonio Elosegi tient à apporter un message rassurant : "Ainsi, ce n’est pas le simple fait d’égarer occasionnellement ses clés qui indique la présence de la maladie d’Alzheimer, mais plutôt le fait de ne plus être conscient de leur perte, qui constitue un signe de la maladie."

Pas de traitement, beaucoup de recherches et quelques avancées scientifiques

La maladie d’Alzheimer est connue pour se déclencher environ une dizaine d’années avant l’apparition des premiers symptômes, ce qui complique considérablement sa prise en charge. Malgré des recherches s’étalant sur plusieurs décennies, il n’existe actuellement aucun traitement capable de guérir cette maladie ou d’en prévenir l’apparition.

Au cours des deux dernières décennies, la principale avancée a été réalisée grâce à un traitement développé conjointement par des laboratoires pharmaceutiques américains et japonais qui ciblent les protéines amyloïdes. Ce traitement a démontré des résultats encourageants et a été approuvé pour certains cas par les autorités américaines. Cependant, ses effets demeurent limités, et son utilité thérapeutique est encore sujette à débat. De plus, il est à noter que l’autorisation d’un médicament pourrait être accordée aux États-Unis cette année.

Le Dr Jose-Antonio Elosegi explique : "À l’heure actuelle, nous disposons de techniques de détection précoce, telles que le scanner cérébral, pour obtenir des informations. Cependant, ces méthodes sont coûteuses et réservées principalement à la recherche clinique. Il est important d’être réaliste, cette maladie est mortelle, et nous ne pouvons pas, pour l’instant, empêcher son développement. Notre objectif est de développer des médicaments efficaces, mais jusqu’à présent, ils ne font que ralentir la progression de la maladie, sans la guérir."

Pour le reste de nombreuses études sont en cours autour de la planète pour fournir des tests de détection efficaces et ce au plus tôt du développement de la maladie. L’idée de diagnostiquer Alzheimer avant même les premiers symptômes visibles permettrait aussi de développer de meilleurs traitements pour l’accompagnement des malades. Une des plus grandes avancées attendue serait celle du développement d’un vaccin curatif, mais nous ne sommes encore qu’au stade des études cliniques.

Sabine Henry, présidente de la Ligue Alzheimer, expliquait qu’il faut ne pas oublier de placer les malades et leurs familles au centre de la recherche scientifique : "Le diagnostic précoce est important, pour la personne elle-même, pour prendre des dispositions pour sa vie future, mais aussi pour trouver des traitements ou des interventions possibles. Le plus tôt est le mieux", explique-t-elle. "Evidemment, il faut un accompagnement qui va de pair avec un diagnostic précoce, parce qu’autrement, on pourrait être désespéré. Il faut que cela soit fait avec prudence", précise-t-elle.

"Pour avoir de meilleures chances de réussir, les efforts de recherche sur la démence doivent avoir une orientation claire et être mieux coordonnés", martelait la docteure Tarun Dua, cheffe de l’Unité de la santé du cerveau à l’OMS. "C’est pourquoi l’OMS élabore un schéma directeur pour la recherche sur la démence, un mécanisme de coordination mondial qui structurera les travaux de recherche et encouragera de nouvelles initiatives. L’une des pierres angulaires des travaux de recherche à venir devrait consister à inclure les personnes atteintes de démence, leurs aidants et leurs familles".

Une vie saine et une pratique intellectuelle active sont à ce jour le meilleur des traitements préventifs

D’après l’OMS, il est envisageable de diminuer le risque de déclin cognitif et de démence en adoptant un mode de vie qui intègre une pratique régulière d’exercice physique, l’abandon du tabagisme, une consommation modérée d’alcool, le maintien d’un poids corporel adéquat, une alimentation saine, ainsi que le maintien de niveaux appropriés de pression artérielle, de glycémie et de cholestérol. D’autres facteurs de risque sont aussi pointés comme la dépression, l’isolement social, un faible niveau d’éducation, le manque d’activités intellectuelles et l’exposition à la pollution de l’air.

Le Dr Jose-Antonio Elosegi conclut en expliquant : "Une vie intellectuelle active est probablement l’un des meilleurs facteurs de protection pour votre avenir, car elle contribue à créer une "réserve cognitive". Cette "réserve cognitive" permet de compenser, du moins pendant un certain temps, la perte de fonction des neurones. Cette capacité est liée à la plasticité cérébrale, c’est-à-dire à la faculté d’adaptation de notre cerveau. Bien que cela ne puisse pas empêcher le développement de la maladie, cela peut vous offrir plusieurs années avec des symptômes moins handicapants."

Pour toute question sur la maladie d’Alzheimer ou des démences apparentées :

Tél. : 0800 15 225 (numéro d’appel gratuit du lundi au vendredi de 8 à 18 heures)

Mail : soutien@alzheimer.be

 

TOUT SUR LA MALADIE DE PARKINSON

 

Article du Journal International de Médecine du 10/10/23

Quand les signes digestifs précèdent la maladie de Parkinson

 

Le système nerveux entérique (SNE), qualifié de second cerveau, est la partie du système nerveux autonome qui contrôle le système digestif. Situé tout le long du tube digestif, il est composé de plus de 100 millions de neurones. Il joue un rôle central dans le contrôle de la régulation de la motricité digestive, l'absorption des nutriments et le contrôle de la barrière intestinale qui protège des agents pathogènes extérieurs.

Depuis les années 2000, l’hypothèse anatomique de Braak suggère que le tube digestif pourrait être le point de départ de la maladie de Parkinson (MP). La survenue de troubles digestifs chez la quasi-totalité des patients parkinsoniens et la présence de lésions neuropathologiques dans l’innervation intrinsèque et extrinsèque du tube digestif permet désormais de penser que la MP comporte également une composante digestive.

Outre le lien ascendant formulé par Braak, une étiologie descendante dans laquelle les symptômes gastro-intestinaux sont présents dans les phases précoces lorsque les manifestations neurologiques passent encore inaperçues est étayée par des preuves expérimentales, ces symptômes gastro-intestinaux représentant alors un facteur de risque. Des associations ont aussi été décrites entre des antécédents gastro-intestinaux et la maladie d'Alzheimer (MA) et les maladies cérébrovasculaires (MCV), justifiant une étude à grande échelle.

 

Une étude combinée sur une cohorte de près de 25 000 malades

Les auteurs ont réalisé une étude combinée cas-témoins et de cohorte en utilisant TriNetX, un réseau national de dossiers médicaux basé aux États-Unis. Ils ont identifié 24 624 patients atteints de MP idiopathique dans l'analyse cas-témoins, qui ont été comparés avec des cas témoins indemnes de pathologie neurologique, et à des sujets souffrant de MA et de MCV, afin d’étudier les manifestations gastro-intestinales antérieures. Dans un seconda temps, 18 cohortes à chaque exposition (divers symptômes gastro-intestinaux, appendicectomie, vagotomie) ont été comparées à leurs contrôles négatifs (CN) pour le développement d’une MP, MA ou MCV dans les 5 ans.

 

La gastroparésie, la dysphagie, le syndrome du côlon irritable (SII) sans diarrhée ni constipation ont montré des associations spécifiques avec la MP (vs CN, MA et MCV) dans les deux cas-témoins (rapports de cotes (OR) tous p <0,0001) et analyses de cohorte (risques relatifs (RR) tous p <0,05). Alors que la dyspepsie fonctionnelle, le SII avec diarrhée, la diarrhée et l'incontinence fécale n'étaient pas spécifiques de la MP, le SII avec constipation et pseudo-obstruction intestinale a montré une spécificité de la MP dans l'analyse cas-témoins (OR 4,11) et de cohorte (RR 1,84). L'appendicectomie a diminué le risque de MP dans l'analyse de cohorte (RR 0,48). Ni la maladie inflammatoire de l'intestin ni la vagotomie n'étaient associées à la MP.

 

Un « deuxième cerveau »

Cette vaste étude a tenté d'explorer l’axe intestin/cerveau en recherchant des associations entre diagnostics neurologiques et symptômes gastro-intestinaux antérieurs, et symptômes gastro-intestinaux et développement ultérieur de MP. Après ajustement pour tenir compte de multiples comparaisons et prise en compte du risque initial chez les patients atteints de MA et de MCV, seules la dysphagie, la gastroparésie, le SII sans diarrhée et la constipation isolée sont associées de manière significative et spécifique à la MP.

De nombreuses revues de la littérature, mentionnent que l’atteinte du SNE est responsable des troubles digestifs qui sont observés au cours de la maladie de Parkinson. Les études sur pièces autopsiques et biopsies digestives ont établi que des agrégats d’alpha-synucléine, morphologiquement proches des corps de Lewy du système nerveux central (SNC), sont observés à la fois dans le nerf vague et dans le SNE chez une grande majorité des sujets avec une MP. Cependant ces études n’ont pas montré de perte de neurones dans le SNE au cours de la MP et la présence de dépôts d’alpha-synucléine dans le SNE ne suffit pas à elle seule à expliquer ces troubles digestifs.

Il reste donc à déterminer si l’atteinte vagale est suffisante pour expliquer les troubles digestifs ou si une dysfonction des neurones entériques sans perte neuronale se produit. L’atteinte du SNE par les dépôts d’alpha-synucléine, serait alors précoce et précéderait celle du SNC, apportant ainsi des éléments en faveur de l’hypothèse de Braak qui repose sur des données autopsiques qui ne permettent pas de suivi longitudinal chez un même individu.

Une appendicectomie est apparue protectrice, conduisant à des spéculations supplémentaires sur son rôle dans la physiopathologie de la MP. Des études mécanistiques supplémentaires sont donc nécessaires pour établir la causalité, confirmer l’axe cerveau/intestin ou le rôle d’une dysbiose et de troubles de la perméabilité intestinale.

En conclusion, cette grande et première étude multicentrique à l'échelle nationale montre que des symptômes gastro-intestinaux précoces (dysphagie, gastroparésie, constipation et SII sans diarrhée) sont associés à un risque accru de MP, comme le suggérait l'hypothèse de Braak. Sous réserve d’études mécanistiques longitudinales, la détection précoce de ces troubles gastro-intestinaux pourrait contribuer à l'identification des patients à risque de MP et l’on pourrait supposer alors que les traitements modificateurs de la maladie pourraient, à cette phase précoce, empêcher la progression de la pathologie liée aux avatars toxiques de l'alpha-synucléine.

Dr Sylvain Beorchia

RÉFÉRENCE

Konings B, Villatoro L, Van den Eynde J et al. Gastrointestinal syndromes preceding a diagnosis of Parkinson's disease: testing Braak's hypothesis using a nationwide database for comparison with Alzheimer's disease and cerebrovascular diseases. Gut 2023 Aug 24; doi: 10.1136/gutjnl-2023-329685

Article du JIM du 24 mars 2023

Vers un nouveau traitement spécifique pour améliorer les troubles digestifs du Parkinson

La maladie de Parkinson (MP) est l'une des maladies neurodégénératives les plus courantes affectant, dans le monde, environ 1 900 sur 100 000 personnes âgées de 80 ans ou plus. Elle se caractérise par l'accumulation d'alpha-synucléine au niveau du système nerveux central. Cette protéine αS forme aussi des agrégats dans les neurones entériques et pourrait, de ce fait, être à l’origine des manifestations gastro-intestinales liées à la maladie. Ainsi, la constipation chronique est présente chez 60 % des patients atteints de MP et répond mal aux traitements conventionnels. ENT-01 (phosphate de squalamine) inhibe la formation d'agrégats αS, stimule les neurones entériques et améliore la constipation dans une étude ouverte chez des patients atteints de MP. Cette étude randomisée de phase IIb a pour but d’évaluer l'innocuité et l'efficacité d’ENT-01 oral pour la constipation et les symptômes neurologiques chez les patients atteints de MP.

Un total de 150 patients, âgés de 18 à 90 ans, ayant moins de 3 selles par semaine ont pris quotidiennement l’ENT-01 ou le placebo pendant 25 jours. Après évaluation initiale de la gravité de la constipation, la posologie quotidienne a été augmentée jusqu'à la dose prokinétique, la dose maximale (250 mg) ou la limite de tolérabilité, suivie d'une période de sevrage de 4 semaines. Le critère principal d'évaluation de l'efficacité était le nombre de selles spontanées complètes par semaine. Les paramètres neurologiques comprenaient la démence évaluée à l'aide du MMSE et la psychose (évaluée à l'aide du SAPS-PD).

 

Augmentation de la fréquence des selles sous traitement actif

 

 Le nombre de selles complètes et spontanées à l’inclusion était de 0,7 par semaine dans les trois groupes. À l’issue de la période de traitement, le nombre de selles était de 3,2 sous ENT-01 (données poolées) et 1,2 par semaine sous placebo (rapport des taux 2,78, p < 0,001). Il était respectivement de 2,2 et 1,2 par semaine à l’issue des 2 semaines d’arrêt (rapport des taux 1,6, p = 0,084). L’amélioration concernait à la fois la fréquence des selles spontanées, la consistance des selles, la facilité de leurs émissions et l'utilisation de laxatifs.

 

Chez les quelques patients ayant une altération cognitive ou ceux qui avaient des symptômes psychotiques, une amélioration respective des scores MMSE et SAPS-PD a été observée dans le groupe ENT-01, plus importante que dans les groupes placebo. ENT-01 a été bien toléré, sans décès ni événements indésirables graves liés au médicament. Les événements indésirables étaient principalement gastro-intestinaux dans le groupe traité. Les arrêts de traitement ont concerné 25,8 % des patients sous ENT-01, essentiellement à cause de nausées ou diarrhées, et 14,1 % sous placebo. La diarrhée s’améliorait en réduisant la dose et les nausées diminiuaient après 2 ou 3 jours.

Dans l’attente d’études plus larges et de plus longe durée

Dans ce tout premier essai de phase IIb randomisé, contrôlé par placebo, d'une durée de 25 jours, ENT-01 a pu améliorer de manière significative le nombre de selles spontanées complètes par semaine par rapport au placebo. Les personnes du groupe de traitement ont également connu des améliorations significativement plus importantes de la qualité des selles spontanées, mais aucune amélioration des scores de qualité de vie. Il n'y avait pas de différence significative du critère principal entre les groupes aux périodes de suivi de 2 et 6 semaines. Des études conduites sur des périodes plus longues de traitement sont désormais attendues. Les signaux positifs concernant certains symptômes neurologiques améliorés par l’ENT-01 et une évaluation des troubles de la déglutition, très fréquents dans cette maladie neurologique, devront aussi être mieux caractérisés.

En conclusion, l’ENT-01 (phosphate de squalamine) oral est sûr et améliore significativement la constipation des parkinsoniens avec un effet qui semble persister quelques semaines après la courte période de traitement. Il pourrait un jour offrir aux gastro-entérologues et aux patients la première option thérapeutique ciblée sur un symptôme difficile à traiter. D'autres études plus larges sont nécessaires pour évaluer les mécanismes et l'efficacité du médicament sur de plus longues périodes avant qu'il ne puisse être appliqué à la pratique clinique.

Dr Sylvain Beorchia

RÉFÉRENCE

Camilleri M, Subramanian T, Pagan F, et coll. : Oral ENT-01 targets enteric neurons to treat constipation in Parkinson disease. A randomized controlled trial. Ann Intern Med. 2022;175:1666-74. [PMID: 36343348] doi:10.7326/M22-14382.

8 juillet 21 dans le JIM

Publié le 08/07/2021

Suggestion pour le traitement de la constipation au cours de la maladie de Parkinson

Les probiotiques sont ces microorganismes vivants qui, ingérés en quantité suffisante, exercent des effets positifs sur la santé, au-delà de leurs effets nutritionnels traditionnels. Cette définition de l’OMS illustre les vertus thérapeutiques potentielles des probiotiques qui sont d’ailleurs recommandés dans le traitement symptomatique de la constipation chronique, la restauration d’une flore intestinale plus équilibrée semblant être bénéfique. La constipation opiniâtre et difficile à traiter qui fait partie des signes non moteurs de la maladie de Parkinson idiopathique (MPI) pourrait alors être une indication de ces probiotiques.

Les résultats d’un essai randomisé, mené à double insu contre placebo, semblent en tout cas le suggérer. Ont été inclus 72 patients atteints d’une MPI confirmée et associée à une constipation. Dans le groupe traité (n = 34), des probiotiques multisouches ont été administrés sous la forme de capsules, le placebo étant utilisé sous la même forme dans l’autre groupe (n = 38). La durée du traitement a été de quatre semaines. Le critère de jugement principal était le nombre moyen hebdomadaire de mouvements intestinaux spontanés, estimé au cours des deux dernières semaines de l’intervention et des deux semaines précédant celle-ci, l’évaluation reposant sur un journal tenu par chaque participant. Les critères secondaires étaient représentés par la consistance des selles, la sévérité de la constipation quantifiée par un score analogique et la qualité de vie en rapport avec cette dernière. La satisfaction du patient a été également prise en compte, cependant qu’un dosage de la calprotectine a été effectué pour évaluer l’inflammation intestinale.

Efficacité à court terme des probiotiques

Dans le groupe traité, le nombre moyen hebdomadaire de mouvements intestinaux spontanés a augmenté de manière significative de 1,0 ± 1,2, alors qu’il a diminué dans le groupe placebo de 0,3 ± 1,0, ce qui conduit à une différence intergroupe moyenne en valeur absolue de 1,3 (intervalle de confiance à 95 % 0,8-1,8, p < 0,001). Une amélioration significative a été également observée quant à la consistance des selles (p = 0,009) et la qualité de vie en rapport avec la constipation (p = 0,001). Par ailleurs, dans le groupe traité, 65,6 % des participants se sont déclarés satisfaits du traitement, versus 21,6 % dans le groupe placebo (p < 0,001). Un seul patient a dû interrompre les probiotiques en raison d’évènements indésirables sans gravité.

 

Les taux de calprotectine n’ont pas varié de manière significative au cours de l’étude, quel que soit le groupe.


Cet essai randomisé, mené à double insu contre placebo, illustre l’efficacité des probiotiques dans le traitement symptomatique de la constipation chronique du parkinsonien. Le bénéfice à court terme semble probable, encore que d’autres études soient nécessaires pour le confirmer et déterminer le rapport efficacité/acceptabilité des probiotiques sur le long terme.
 

Dr Giovanni Alzato

RÉFÉRENCE

Ai Huey Tan et coll. : Probiotics for Constipation in Parkinson Disease: A Randomized Placebo-Controlled Study. Neurology 2021 ;96(5):e772-e782. doi: 10.1212/WNL.0000000000010998.

25 août 2016 dans le JIM

La constipation peut-elle être un prodrome de la maladie de Parkinson ?

Les symptômes non moteurs de la maladie de Parkinson sont légion, qu’il s’agisse des troubles dépressifs ou cognitifs, de la dysphagie, de l’hypersalivation, des difficultés de la marche ou de l’insomnie, voire des hallucinations, pour ne citer que quelques exemples. Ces symptômes sont non spécifiques et il en est un particulièrement fréquent qui ne figure pas dans la liste précédente : c’est la constipation qui frapperait plus d’un parkinsonien sur deux. Certaines études d’observation suggèrent même que ce symptôme non moteur d’origine multifactorielle pourrait précéder de longue date l’installation ou le diagnostic de maladie de Parkinson, mais leurs résultats n’emportent pas la conviction, en raison de la multiplicité des facteurs de confusion, des biais et, souvent, de l’absence de groupes témoins.

Une revue systématique de la littérature médicale internationale a été menée selon les critères de MOOSE (Meta-analysis  Of  Observational Studies in Epidemiology), ce qui donne une idée de la nature des études incluses. Les bases de données classiques ont été consultées jusqu’en décembre 2014. Les articles ont été retenus en fonction de leur pertinence et de leur conformité aux critères précédents. Une condition a été impérativement requise : évaluation de la constipation au moyen d’un questionnaire structuré ou, à défaut, réalité du symptôme attestée par un codage spécifique dans les observations médicales, sous la forme du symptôme lui-même nommément cité ou de son traitement par laxatifs eux aussi clairement identifiés. Le diagnostic de maladie de Parkinson a reposé sur les données cliniques, là aussi affichées avec un maximum de rigueur.

Une association significative

Les données pertinentes ont été extraites au moyen d’un modèle standardisé et l’amplitude des associations  a été estimée à l’aide d’un modèle à effets fixes. L’hétérogénéité a été, pour sa part, explorée avec le test I(2) classique. Au total, neuf études ont fait l’objet de la méta-analyse, ce qui correspond à un effectif de 741 593 participants, deux groupes étant constitués selon l’existence ou non d’une constipation.

La comparaison intergroupe a révélé une association significative entre ce symptôme et la survenue d’une maladie de Parkinson, l’odds ratio (OR) correspondant étant en effet estimé à 2,27 (intervalle de confiance à 95 %, IC, 2,09-2,46). L’hétérogénéité s’est avérée faible, avec un I(2) de 18,9 % (p = 0,282). Une analyse restreinte aux études qui ont pris en compte la constipation plus de 10 ans avant le diagnostic de Parkinson a conduit à un OR de 2,13 (IC, 1,78-2,56), avec un I(2) = 0,0 %.

Cette revue exhaustive de la littérature internationale et la méta-analyse qui en ressort suggère que la constipation pourrait constituer un prodrome de la maladie de Parkinson, étant entendu que cette notion ne saurait dépasser le stade de l’hypothèse, même s’il y a des chiffres à l’appui. Le fait que ce symptôme pourrait précéder le diagnostic de la maladie de plus de dix ans reste tout aussi hypothétique, mais par rapport aux études d’observation isolées, la méta-analyse permet d’aller un peu plus loin, sans apporter pour autant un niveau de preuve nécessaire et suffisant, comme à l’ordinaire.

Dr Giovanni Alzato

RÉFÉRENCE

Adams-Carr KL et coll. : Constipation preceding Parkinson's disease: a systematic review and meta-analysis. J Neurol Neurosurg Psychiatry, 2016; 87: 710-6.

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Date de dernière mise à jour : 17/04/2024

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