CBD... DANGER !
Article du JIM du 20 juin 2025
CBD : des intoxications en forte hausse
Quentin Haroche | 20 Juin 2025
La consommation de cannabidiol (CBD), l’une des deux principales substances actives de la plante de cannabis avec le tétrahydrocannabinol (THC), a connu une véritable explosion ces dernières années. Une simple promenade dans le centre d’une grande ville, où les magasins de CBD pullulent, permet de s’en rendre compte et ce boom s’est évidemment accru depuis que les produits à base de CBD ont été pleinement légalisés en France en 2022, après plusieurs années d’imbroglio juridique.
Selon ses partisans, le CBD ne présente pas, contrairement au THC, d’effets psychoactifs dangereux (paranoïa, crise d’angoisse, perte de mémoire…) et aurait au contraire de nombreuses vertus, en contribuant au traitement de l’anxiété et de l’insomnie. La consommation de CBD n’est cependant visiblement pas sans risque : ce jeudi, l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et l’agence de sécurité sanitaire (Anses) alertent en effet sur une « augmentation significative du nombre d’intoxications liées à la consommation de produits à base de CBD depuis 2024 ». Ce sont plusieurs centaines d’intoxication qui ont ainsi été recensées et signalées aux centres antipoison (CAP) ou aux centres de pharmacodépendance et d’addictovigilance (CEIP).
Le CBD était innocent
« Les symptômes rapportés sont variés et parfois graves : fatigue, somnolence, nausées, maux de tête, anxiété, vertiges, vomissements, tachycardie, crise d’angoisse aiguë, état d’agitation accompagné d’hallucinations, perte de connaissance, idées ou comportements suicidaires, crise d’épilepsie… » poursuivent l’ANSM et l’Anses. « Les effets peuvent se produire quelles que soient la durée, la fréquence ou encore la forme sous laquelle le produit au CBD a été consommé : fumé, vapoté ou ingéré ».
Ce n’est cependant pas, dans la grande majorité des cas, le CBD qui est responsable de ces épisodes d’intoxication. Les utilisateurs sont en effet trompés : alors qu’ils croient consommer du CBD, les produits contiennent en réalité du THC (au-delà de la limite légale de 0,3 % de teneur en THC) ou des cannabinoïdes de synthèse (HHC, HHC-O, H4-CBD, H2-CBD), des molécules qui imitent (souvent en les démultipliant) les effets du THC et qui sont également pour la plupart interdites.
Tout se perd : même les dealers sont des escrocs
Ces cas de tromperie (on ne peut même plus faire confiance aux trafiquants de drogue de nos jours !) sont très fréquents : selon une étude menée en 2023 par les centres d’addictovigilance de Paris, Lyon et Marseille, 80 % des produits à base de CBD en vente libre ont une teneur en CBD différente de celle indiquée sur l’étiquetage. « Il est nécessaire que les consommateurs soient vigilants aux risques d’effets inattendus ou indésirables à la suite de la consommation d’un produit à base de CBD » poursuivent donc l’ANSM et l’Anses.
Même si le CBD n’est pas, en lui-même, responsable de ces cas d’intoxication graves, les deux agences sanitaires rappellent que « consommer du CBD n’est pas anodin ». « La présence, même en quantité limitée, de THC peut entrainer un risque de somnolence ou de léthargie et (…) la consommation d’un produit à base de CBD, en même temps que certains médicaments, peut réduire leur efficacité ou augmenter leurs effets indésirables » affirment les deux agences.
Date de dernière mise à jour : 21/06/2025
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