PALU A MADAGASCAR
Article du JIM du 17 juin 2025
Madagascar : satellites et statistiques… antipalu !
Dr Blandine Esquerre | 17 Juin 2025
Le paludisme figure parmi les grands fléaux de santé du continent Africain. Infection d’autant plus grave qu’elle est diagnostiquée tard, cette arbovirose nécessite un diagnostic précoce (c’est une urgence thérapeutique) et une prévention sérieuse (moustiquaires, répulsifs, lutte contre les gites larvaires). La chimioprophylaxie est le luxe du voyageur, la prévention est vite dépassée lorsque les gites larvaires sont trop nombreux et le traitement n’est pas à la portée de toutes les bourses et de tous les pays : il est souvent contingenté.
Précieux partenariat
Ainsi à Madagascar, un des États les plus pauvres au monde, quand le paludisme fait des ravages dans le sud-est de l’île à la saison des pluies, accéder aux gites larvaires des rizières inondées pour les détruire, et aux villageois pour rapidement les diagnostiquer et traiter, relève de la gageure.
Dans la Grande île, un partenariat local avec L’IRD (institut recherche et développement, qui présente cette action dans son Mag’) fait naître l’espoir d’une amélioration grâce aux technologies modernes. Les statistiques et les images satellites sont utilisées pour suivre conjointement la dynamique de la maladie et celle des inondations, et prédire les cas.
Voir à travers les nuages
Une cartographie fine des parcelles est associée à une détection satellite des inondations via une imagerie radar moderne (non optique) qui fait fi de la présence de nuages, avec une résolution de 10 mètres. Les données sanitaires (nombres de cas) sont couplées à ces données climatiques. Les algorithmes ont été entraînés par ces données durant quatre ans, permettant aujourd’hui une alerte précoce sur les 17000 rizières du district concerné par le projet.
Alimenté par les remontées automatiques sanitaires et environnementales, le système est aujourd’hui capable de prédire les cas de malaria jusqu’à trois mois à l’avance, au niveau de chaque village. Une aide précieuse pour les agents de santé et ceux de la lutte antivectorielle, qui peuvent accéder à ces informations via une application.
Ainsi les besoins en médicaments et tests de dépistage rapide peuvent être précisément déterminés et les stocks mieux gérés, ce qui est crucial dans ce pays où le système de santé est très dégradé.
Date de dernière mise à jour : 17/06/2025
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