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18 déc 2020 A propos des vaccins

Pourquoi le vaccin contre le Covid ne dispense pas des gestes barrières

16/12/20 à 15:58

Olivia Lepropre

Olivia Lepropre

Journaliste

Plusieurs pays ont commencé à vacciner leur population contre le Covid. L'Union européenne devrait bientôt suivre. Mais cela ne signifie pas pour autant un retour rapide à la vie normale. Explications.

 

Avec l'arrivée imminente des vaccins, on espère un retour progressif à la vie normale. Mais ce ne sera pas pour tout de suite. D'abord parce que le processus de vaccination, à peine débuté au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et au Canada, mais pas encore dans l'UE, prendra des mois. Mais aussi parce que le fait d'être vacciné ne nous débarrassera pas directement des masques, lavages réguliers de mains, distance ou autres gestes barrières.

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L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande d'ailleurs vivement de continuer à porter le masque même si on est vaccinés. Pourquoi ? S'il y a des preuves scientifiques qu'un vaccin aide à prévenir le développement de la maladie Covid-19, on n'est pas encore sûr qu'il prévienne ou non l'infection au coronavirus. En d'autres termes, un vaccin pourrait ne pas empêcher la propagation du virus.

La transmission en question

Les vaccins anti-Covid semblent être efficaces pour prévenir les formes graves de la maladie. Cela permet d'éviter un nombre important d'hospitalisations. Mais on ignore dans quelle mesure ils freineront la propagation du coronavirus. Les essais cliniques de Pfizer et de Moderna n'ont permis de suivre que les personnes vaccinées qui ont été atteintes par le Covid-19. Il est donc possible que certaines personnes vaccinées soient infectées sans développer de symptômes et puissent ensuite transmettre le virus silencieusement, surtout si elles sont en contact étroit avec d'autres personnes ou cessent de porter le masque.

 

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Dans la plupart des infections respiratoires, y compris le coronavirus, le nez est le principal point d'entrée. Le virus s'y multiplie rapidement, secouant le système immunitaire pour qu'il produise un type d'anticorps spécifique aux muqueuses. Si la même personne est exposée au virus une seconde fois, ces anticorps, ainsi que les cellules immunitaires qui se souviennent du virus, arrêtent rapidement le virus dans le nez avant qu'il ne puisse s'installer ailleurs dans le corps.

Les vaccins contre le coronavirus sont injectés dans le corps et stimulent le système immunitaire à produire des anticorps. Cela semble être une protection suffisante pour empêcher la personne vaccinée de tomber malade. Certains de ces anticorps circuleront dans le sang jusqu'à la muqueuse nasale et y monteront la garde, mais on ne sait pas exactement quelle quantité d'anticorps peut y être mobilisée, ni à quelle vitesse. Si ce n'est pas suffisant, les virus pourraient alors se répandre dans le nez et être éternués ou expirés, en risquant d'infecter d'autres personnes.

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Recherches supplémentaires

Les experts sont néanmoins optimistes quant au fait que les vaccins supprimeraient suffisamment le virus, même dans le nez et la gorge, pour empêcher les personnes vaccinées de le transmettre. Mais tant qu'on n'en est pas certain, impossible d'abroger les gestes barrières.

Les essais de vaccins n'ont pas permis de déterminer combien de personnes vaccinées ont été infectées par le virus mais n'ont pas présenté de symptômes. Certains indices se dégagent cependant. Jusqu'à présent, les essais n'ont analysé que le sang, mais la recherche d'anticorps dans les muqueuses confirmerait que les anticorps peuvent se rendre jusqu'au nez et à la bouche. Mais certaines études ont également suggéré que même les personnes ne présentant aucun symptôme peuvent avoir des quantités élevées de coronavirus dans le nez. Davantage de recherches scientifiques sur les vaccins doivent avoir lieu, conclut Kate O'Brien, directrice du département immunisation et vaccins à l'OMS.

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Cela ne veut cependant pas dire que le masque fera partie de notre vie pour toujours, mais peut-être pour un peu plus longtemps que ce qu'on s'était imaginé. On estime qu'environ 70% de la population doit être vacciné pour obtenir une immunité collective par la vaccination. En attendant, les gestes barrières sont le meilleur moyen d'endiguer la propagation du virus. Mais pas uniquement le Covid : on constate pour l'instant une quasi absence des autres virus respiratoires en Belgique (bronchites, grippes, gastro...), et l'application des gestes barrières joue sans conteste un rôle. 

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