ANXIETE APRES LE CANCER
du JIM du 12 juin 2025
Anxiété après un cancer : la musique adoucit les mœurs et plus encore !
Dr Dominique-Jean Bouilliez | 12 Juin 2025
L’anxiété est un des symptômes les moins bien pris en charge chez les patients qui ont survécu à un cancer, alors qu’il est l’un des plus fréquents, expérimenté par la moitié d’entre eux. L’anxiété après un cancer est aussi un indice de mauvais pronostic tout en ayant un coût sociétal important.
Partant du constat que, après un cancer, les deux tiers de patients reçoivent 5 médicaments différents, la nécessité d’un traitement non pharmacologique est apparue clairement afin de ne pas alourdir l’ordonance.
Deux approches non pharmacologiques ont largement émergé. Ainsi, le traitement de première ligne de l’anxiété après cancer, repose sur les thérapies cognitivo-comportementales et la musicothérapie.
Mais, la réponse aux premières est inconstante, et l’accès n’est pas toujours simple et souvent considéré comme stigmatisant. La musicothérapie, recommandée par le SIO-ASCO (Society for Integrative Oncology de l’ASCO), n’a pas encore fait l’objet d’études sur le long terme.
L’étude randomisée MELODY : TCC versus musicothérapie
Une équipe du MSKCC (Memorial Sloan-Kettering Cancer Center), s’est intéressée à cette question en comparant directement, à travers l’étude MELODY, les techniques cognitivo-comportementales et la musicothérapie avec pour objectif de démontrer la non-infériorité de la musicothérapie dans le traitement de première ligne de l’anxiété.
Ils ont suivi ainsi durant 16 semaines 300 patients qui avaient été traités pour un cancer et présentaient des symptômes d’anxiété depuis 1 mois ou plus. Ils ont bénéficié pendant 8 semaines à raison de 7 séances par semaine par télémédecine d’un traitement cognitivo-comportemental (n = 153) ou de musicothérapie (n = 147).
Ces patients, âgés en moyenne de 47 ans avaient reçu pour un tiers d’entre eux (33 %) un diagnostic de syndrome d’anxiété généralisée, tandis que 43 % prenaient au départ un traitement médicamenteux contre l’anxiété. Ils avaient été traités pour un cancer du sein (45 %), un cancer hématologique (16 %), gastro-intestinal (8 %) ou de la prostate (7 %), de stade 0-1 pour 53 % d’entre eux, II-III pour 37 % et IV pour 8 %.
A la semaine 8, les participants des deux groupes ont vu une amélioration significative du score HADS, qui persistait 16 semaines après l’arrêt du traitement.
La musicothérapie s’est avérée non-inférieure (p < 0,001) aux techniques cognitivo-comportementales, autant pour le critère principal d’évaluation (HADS) que pour les critères secondaires qui portaient sur la fatigue avec le BFI (Brief Fatigue Inventory) ou l’insomnie avec l’ISI (Insomnia Severity Index), de telle sorte que leur santé mentale s’est nettement améliorée au terme de l’étude.
Les auteurs font cependant remarquer que l’adhésion au traitement cognitivo-comportemental a été supérieure à la musicothérapie (91,2 % versus 82,4 %).
Cette étude préliminaire ouvre la porte à de belles perspectives. Mais elle nécessite des éclaircissements sur l’importance des facteurs socio-économiques, sur le respect ou non des préférences musicales, sur les comorbidités, sur les types de cancers et les traitements oncologiques reçus, ainsi que sur les facteurs personnels de stress non liés au cancer.
References
Liou K, et coll. Music therapy versus cognitive behavioral therapy for anxiety in cancer survivors: A telehealth-based randomized clinical trial. ASCO 2025, Chicago, 30 mai-3 juin 2025. Abstract#12003. Journal of Clinical Oncology, Volume 43, Number 16_suppl. https://doi.org/10.1200/JCO.2025.43.16_suppl.12003
Lead image cred
Date de dernière mise à jour : 13/06/2025
Ajouter un commentaire