CANCER DU POUMON
Dans le JIM du 6 août 2025
Adénocarcinomes pulmonaires : la survie multipliée par deux en 20 ans
Dr Joël Pitre | 06 Août 2025
Le cancer du poumon, première cause de mortalité par cancer dans le monde, reste un enjeu majeur de santé publique en raison de son incidence élevée et de son pronostic défavorable. Et cela malgré des progrès significatifs apportés par la chirurgie mini-invasive, la radiothérapie stéréotaxique, les thérapies ciblées et l’immunothérapie.
On distingue globalement les tumeurs à petites cellules et celles sans petites cellules, ces dernières représentant 85% des tumeurs. Depuis 2000, le Collège des Pneumologues des Hôpitaux Généraux en France, conduit des études épidémiologiques (KBP) tous les dix ans, qui permettent de suivre l’évolution de la démographie et d’analyser les résultats notamment en termes de survie globale. Ainsi l’adénocarcinome pulmonaire est-il devenu le type histologique le plus fréquemment rencontré en France, passant de 29,8 % en 2000 à 46,2 % en 2010 puis 56,1 % en 2020.
Méthodologie de l'étude KBP
Un collectif recueille de façon prospective tous les nouveaux cas de cancer du poumon primitif vus dans les hôpitaux généraux. Les auteurs de cet article publié dans le prestigieux New England Journal of Medecine rapporte les résultats observés pour 2020 en les comparant à ceux déjà observés en 2000 et 2010.
Cette base de données a inclus respectivement 5667, 7051 et 8999 patients pour chaque décennie, dont 5015 cas d’adénocarcinome en 2020. L’âge moyen au diagnostic en 2020 était de 67,2 ans, 40,4 % des patients étaient des femmes (contre 24,5 % en 2000), et 16,9 % n’avaient jamais fumé. La proportion de patients âgés de 80 ans ou plus a doublé en 20 ans, passant de 6,4 % à 12,7 %. La majorité des patients (61,9 %) étaient diagnostiqués à un stade métastatique (stade IV), chiffre relativement stable depuis 2010.
Progrès thérapeutiques majeurs en lien avec les thérapies ciblées
Les progrès thérapeutiques majeurs de la dernière décennie, notamment l’introduction des thérapies ciblées (pour les mutations EGFR, ALK, ROS1) et de l’immunothérapie, ont significativement amélioré la survie globale (SG). En 2020, le taux de SG à 3 ans pour l’ensemble des patients atteints d’adénocarcinome pulmonaire était de 38,6 %, contre 16,3 % en 2000 et 21,2 % en 2010. La médiane de survie globale est passée de 8,5 mois en 2000 à 20,7 mois en 2020.
La survie varie fortement selon le stade au diagnostic : en 2020, le taux de survie à 3 ans était de 84,0 % pour les stades I, 65,9 % pour les stades II, 49,5 % pour les stades III et seulement 21,3 % pour les stades IV. Les femmes, les patients plus jeunes, non-fumeurs, avec un meilleur indice de performance (ECOG PS 0-1) et ceux diagnostiqués à un stade précoce bénéficient d’une meilleure survie.
Chez les patients métastatiques, la SG à 3 ans était de 36,0 % pour ceux présentant une altération moléculaire (EGFR, ALK, ROS1) traitée par thérapie ciblée, contre 18,5 % en l’absence d’altération. Pour ces derniers, la SG à 3 ans était de 36,2 % avec immunothérapie en première ligne, contre 14,3 % sans immunothérapie. La médiane de survie passait de 4,2 à 21,0 mois avec l’immunothérapie.
En conclusion, la survie des patients atteints d’adénocarcinome pulmonaire en France s’est nettement améliorée en 20 ans, grâce à l’accès aux innovations thérapeutiques, même si le pronostic reste très lié au stade au moment du diagnostic. Ces progrès soulignent l’importance du dépistage précoce, de la caractérisation moléculaire des tumeurs et de l’accès équitable aux traitements innovants pour tous les patients.
References
Debieuvre D, Falchero L, Molinier O, et al. for the KBP-2020-CPHG Study Group. Survival of Patients with Lung Adenocarcinoma Diagnosed in 2000, 2010, and 2020 NEJM Evid. 2025 Jul;4(7):EVIDoa2400443. doi: 10.1056/EVIDoa2400443.
Date de dernière mise à jour : 07/08/2025
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