OSTEOPOROSE
JIM : 9 septembre 2025
Ostéoporose : les os ont leurs horaires
Dr Roseline Peluchon | 09 Septembre 2025
Une vaste étude japonaise sur près d'un million de personnes montre que sauter le petit-déjeuner ou dîner tard augmente modérément mais significativement le risque de fractures ostéoporotiques : les horaires comptent aussi !
L’ostéoporose constitue un enjeu majeur de santé publique, principalement en raison des fractures qu’elle provoque, faisant de sa prévention une priorité. Les facteurs de risque incluent des éléments non modifiables (âge, poids, sexe, antécédents familiaux, certains traitements) et des facteurs liés au mode de vie sur lesquels il est possible d’agir, comme l’activité physique, la consommation d’alcool, le tabac, la qualité du sommeil. En revanche, l’impact de certaines habitudes alimentaires spécifiques sur le risque de fractures ostéoporotiques reste peu documenté, notamment celui de ne pas prendre de petit-déjeuner ou de dîner tardivement.
De précédentes études ont suggéré un lien entre l’absence de petit-déjeuner et une diminution de la densité minérale osseuse (DMO) ainsi qu’un risque fracturaire accru. Toutefois, des limitations méthodologiques rendaient nécessaire d’autres investigations. C’est pourquoi une équipe japonaise a mené une vaste étude de cohorte utilisant les données de près d’un million de personnes, âgées en moyenne de 66,6 ans à l’inclusion. Les participants ont été suivis pendant une durée médiane de 2,6 ans (1,4 ans à 4,3 ans). Les habitudes de vie, y compris alimentaires, étaient évaluées par auto-questionnaires.
L’étude confirme l’influence des rythmes alimentaires
Dans cette cohorte, le taux d’incidence des fractures ostéoporotiques (hanche, poignet, vertèbre, humérus) est de 10,8 cas pour 1 000 personnes-années durant la période d’observation. L’étude confirme les facteurs de risque établis : risque de fractures ostéoporotiques plus élevé pour les femmes ayant un faible indice de masse corporelle et un âge plus avancé.
Il apparaît également que certaines habitudes alimentaires augmentent ce risque. L’absence de petit-déjeuner ou la prise tardive du dîner sont chacune indépendamment associées à une augmentation modérée du risque fracturaire (RR ajusté 1,18 [95 % CI 1,12 à 1,23] pour l’absence de petit-déjeuner et RRa 1,08 [1,04 à 1,12] pour le dîner tardif). L’association entre omission du petit-déjeuner et dîner tardif augmente encore le risque (RRa 1,23 [1,13 à 1,34]). Cette augmentation du risque concerne les fractures du col du fémur, des vertèbres ou de l’humérus, mais non les fractures du poignet.
Les auteurs soulignent que, si de nombreuses études avaient déjà mis en évidence le lien entre l’absence de petit-déjeuner et les fractures ostéoporotiques, il s’agit ici de la première étude à établir de manière longitudinale et sur une vaste cohorte, le lien spécifique entre la prise d’un dîner tardif et ces fractures. Ils proposent plusieurs explications biologiques, comme l’impact des rythmes circadiens, du cortisol, du stress oxydatif ou d’un apport réduit en vitamine D. D’autre part, ces habitudes alimentaires coexistent fréquemment avec d’autres comportements à risque (tabac, alcool, manque d’activité physique, sommeil insuffisant), traduisant l’accumulation fréquente d’habitudes à risque chez certaines personnes.
Pour conclure, ils estiment que des recommandations sur les horaires des repas, en plus des conseils habituels, pourraient participer à la prévention des fractures liées à l’ostéoporose.
References
Nakajima H, Nishioka Y, Tamaki Y, et al. Dietary Habits and Osteoporotic Fracture Risk: Retrospective Cohort Study Using Large-Scale Claims Data. J Endocr Soc. 2025 Aug 28;9(9):bvaf127. doi: 10.1210/jendso/bvaf127.
Date de dernière mise à jour : 11/09/2025
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