Le site de Jacques Chevalier

Soulager les troubles urinaires prostatiques

Journal International de la Médecine 3 septembre 2025

Comment soulager les troubles urinaires prostatiques ?

Dr Pierre Margent | 03 Septembre 2025

Près de 40 % des hommes âgés de plus de 50 ans souffrent de troubles urinaires liés à la prostate. Traitements comportementaux, médicamenteux et chirurgicaux permettent d'améliorer significativement leur qualité de vie.

Jusqu’à 40 % des hommes âgés de plus de 50 ans souffrent de symptômes urinaires du bas appareil, notamment d’urgences mictionnelles, d’une nycturie et/ou de fuites urinaires liées à des pathologies vésico-prostatiques. Ces symptômes affectent négativement leur qualité de vie et peuvent être responsables d’une rétention d’urine, elle-même cause d’insuffisance rénale, de lithiase vésicale, d’hématurie et d’infections du tractus urinaire. Une revue générale s’attaque à ce sujet.

Chez l’homme, les causes les plus fréquentes de cette symptomatologie sont liées à une difficulté d’évacuation vésicale en rapport avec une hypertrophie bénigne de la prostate ou à une hyperactivité du détrusor vésical à l’origine d’urgences mictionnelles et/ou de pollakiurie. Le traitement comportemental associe plusieurs approches : interventions de rééducation du plancher pelvien, programmation des mictions à intervalles réguliers et une restriction hydrique adaptée. Ces mesures sont susceptibles d’améliorer significativement la symptomatologie urinaire basse. 

Les traitements médicamenteux disponibles

Les traitements médicamenteux reposent sur l’utilisation d’alpha-bloquants (tamsulosine), d’inhibiteurs de la 5-alpha-réductase (finastéride), ou d’inhibiteurs de la 5 phosphodiestérase (tadalafil). L’amélioration moyenne sous ces différents traitements est de l’ordre de 3 à 10 points sur le Score International de Symptomatologie Prostatique (IPSS), qui varie de 0 à 35. Ces traitements peuvent réduire le risque de complications, comme la survenue d’une rétention urinaire. 

L’association de plusieurs molécules est généralement plus efficace qu’une monothérapie. Ainsi la prise concomitante d’un alpha-bloquant (tamsulosine) et d’un inhibiteur de la 5-alpha-réductase (finastéride) réduit le risque de progression des symptômes à moins de 10 %, face à 10 à 15 % avec une monothérapie.

En cas d’hyperactivité du détrusor vésical, les anticholinergiques (trospium) ou de bêta-3 agonistes (mirabegron) permettent de réduire l’impériosité mictionnelle et la fréquence des mictions de 2 à 4 fois par jour, tout en diminuant les épisodes d’incontinence urinaire de 10 à 20 fois par semaine.

L’option chirurgicale dans certains cas d’hypertrophie bénigne de la prostate

Les interventions chirurgicales, comme la résection trans-urétrale de la prostate, l’énucléation prostatique par laser holmium ou la chirurgie mini-invasive de la prostate, sont très efficaces en cas d’hypertrophie bénigne de la prostate réfractaire ou compliquée. Elles peuvent améliorer l’IPSS de 10 à 15 points. 

Il est également possible de recourir à des procédures mini-invasives : injection sous endoscopie de vapeur d’eau dans le tissu prostatique hypertrophié ou lifting urétral prostatique avec insertion endoscopique d’implants non résorbables ouvrant mécaniquement l’urètre. Ces diverses techniques ont, dans l’ensemble de bons résultats avec un taux de complications faibles : survenue d’une incontinence dans moins de 8 % des cas, d’une dysfonction érectile dans moins de 3 %, et éjaculation rétrograde dans 0 à 3 %. 

Cependant, le taux de réintervention chirurgicale est très important, allant de 3,4 à 21 %, comparativement à 5 % pour la résection trans-urétrale de prostate, et 3,3 % pour l’énucléation par laser.

En conclusion, la symptomatologie des voies urinaires inférieures chez l'homme associe urgences urinaires, nycturie, faiblesse du jet, etc. Elle est fréquente, liée à une hypertrophie bénigne de la prostate et/ou à une hyperactivité du détrusor vésical. Le traitement de première intention repose sur une prise en charge comportementale : physiothérapie du plancher pelvien et mictions chronométrées. Cette approche est souvent associée à un traitement pharmacologique comprenant alpha-bloquants adrénergiques, inhibiteurs de la 5-alpha-réductase ou de la phosphodiestérase, anticholinergiques ou agonistes bêta-3. 

References

Wei JT, Dauw CA, Brodsky CN. Lower Urinary Tract Symptoms in Men: A Review. JAMA. 2025 Jul 14. doi: 10.1001/jama.2025.7045.

Date de dernière mise à jour : 11/09/2025

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !