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TRUMP -PARACETAMOL - AUTISME

Journal International de Médecine du 30 septembre 2025

La France et l'Europe réagissent aux allégations de Trump sur le lien entre le paracétamol et l'autisme

Stephanie Lavaud | 30 Septembre 2025

La France et l'Europe réagissent aux allégations de Trump sur le lien entre le paracétamol et l'autisme

Après une prise de position du président américain Donald J. Trump évoquant un lien entre la prise prénatale de paracétamol et l’autisme, les agences sanitaires françaises et européennes ont réagi.

Les propos du Président américain

Les déclarations récentes, relayées lors d’une conférence de presse aux États‑Unis, selon lesquelles l’acétaminophène (paracétamol) pris pendant la grossesse pourrait augmenter le risque d’autisme ont provoqué des réactions des autorités sanitaires.

Aux côtés d’annonces visant à réexaminer l’étiquetage du médicament par la FDA, le président Trump a tenu des propos alarmistes à propos de l’antalgique. « N'en prenez pas » et « n'en donnez pas à votre bébé » a-t-il intimé à la population. Il a, par ailleurs, appuyé ses propos de considérations telles que « Selon une rumeur, et j’ignore si c’est le cas, ils n’ont pas de paracétamol à Cuba […]. Eh bien ils n’ont quasiment pas d’autisme ».

Il a également cité la communauté des Amish, qui d’après lui ne se vaccinent pas et n’utilisent pas de paracétamol, et qui ne connaîtraient pas non plus de cas d’autisme, suggérant ainsi un lien entre vaccin et autisme.

Les scientifiques du monde entier ont tenu à réagir à ces propos jugés infondés par la communauté scientifique. En France, l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) ou encore du Centre de Référence sur les Agents Teratogènes (Crat) par la voix du Pr Benoît Marin, se sont exprimés. Au niveau international, l’Agence européenne du médicament (EMA), et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont aussi réagi aux propos du président américain.

Réponses européennes : mise au point et rappel des données

En France, l’ANSM a publié un communiqué affirmant qu’« À ce jour, les données disponibles ne montrent pas de lien entre la prise de paracétamol pendant la grossesse et l’autisme ».

Elle rappelle que « les nombreuses données portant sur les femmes enceintes ne montrent pas de risque de toxicité fœtale/néonatale chez le fœtus en développement ou chez les nouveau-nés ».

En écho à la décision de la FDA de modifier l’étiquetage de l’antalgique, l’ANSM précise qu’« il n’existe actuellement aucune nouvelle donnée justifiant une modification des recommandations d’utilisation du paracétamol pendant la grossesse ».
De son côté, le Centre de Référence sur les Agents Teratogènes (Crat), via la voix du Pr Benoit Marin, a affirmé à Public Sénat, que les données dont se prévaut le président Trump pour affirmer que le paracétamol pris par les femmes enceintes augmenterait fortement le risque d’autisme chez l’enfant « sont contradictoires, incomplètes et insuffisamment fondées ». S’il reconnaît que « certaines études trouvent un lien potentiel », le Pr Marin précise qu’« elles sont hétérogènes et présentent de nombreuses faiblesses méthodologiques » et il considère qu’ « on ne peut pas changer les pratiques médicales sur une telle base ».

L'EMA, quant à elle, a déclaré qu'il n'existait aucune preuve à l'appui de ces affirmations. Elle assuré, dans un communiqué, qu’« Il n'y a pas de nouvelles preuves qui nécessiteraient de modifier les recommandations d'utilisation actuelles de l'UE »,.

Quant aux affirmations du président relatives à Cuba et au faible nombre de cas d’autisme, le Pr Marin les balaie d’un revers de main en indiquant que « les propos de Donald Trump ne s’appuient pas sur des résultats scientifiques rigoureux », affirme-t-il.

Ré-assurance et conseil de bon usage aux patientes

Pour le Pr Benoît Marin, « l’ensemble des experts, notamment le CRAT, qui fait autorité sur les médicaments pendant la grossesse, s’accordent à dire qu’il n’existe pas de preuve d’un risque avéré pour le neurodéveloppement de l’enfant ». « Plus les études sont rigoureuses et maîtrisent les biais, moins elles confirment une association », ajoute-t-il.

L'EMA va dans le même sens en affirmant que les nombreuses données recueillies auprès de femmes enceintes ayant consommé du paracétamol pendant leur grossesse ne révèlent aucun risque accru de malformations chez le fœtus ou le nouveau-né - information déjà incluse dans l'étiquetage du produit dans l'UE, ne nécessitant nulle modification comme s’apprête à le faire la FDA.

Enfin, l’Organisation mondiale de la santé a tenu à rappeler, par communiqué, qu’ « il existe de nombreuses preuves solides démontrant que les vaccins infantiles ne causent pas l’autisme », relevant que « des études à grande échelle et de haute qualité menées dans de nombreux pays sont toutes parvenues à la même conclusion ».

Se voulant rassurantes mais prudentes, les autorités sanitaires européennes ont rappelé qu’ « en cas de besoin, le paracétamol peut être utilisé pendant la grossesse » mais elles précisent qu’ « il est conseillé de l'utiliser à la dose efficace la plus faible, pendant la durée la plus courte possible et le moins souvent possible ».


Cet article a été initialement publié sur le site de Medscape.fr

Date de dernière mise à jour : 05/10/2025

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